République éphémère
2005 T02
Exyzt transforme la Condition Publique, attenante à une friche industrielle de 4500 m2, en laboratoire d’expérimentations architecturales et urbaine à échelle humaine. 450 étudiants issus d’écoles d’architecture européennes se réunissent lors des 20e rencontres EASA dans la « maison folie » de Lille 2004 pour travailler autour du thème « Macropolitain-Micropolitain ». L’équipe décide d’implanter dans deux anciennes halles de stockage et la rue couverte, une cité éphémère autoconstruite et autogérée par ses occupants. Un kit de survie comprenant 250 kg de structure, une notice de sécurité, un programme, des tickets consos, des préservatifs, un paquet de mouchoirs est distribué aux habitants fraîchement débarqués. Il permet à trois individus de construire un cube-habitat et de se situer dans la friche. Respectant les règles d’une commission technique exigeante, Exyzt établi un dispositif signifié par un marquage au sol. Afin de pourvoir à toutes les nécessités de la colonie, l’équipe de concepteurs (Exyzt+EASA) implante les équipements collectifs: une cuisine, des sanitaires, des ateliers, un hôtel, une place publique. L’expérience est basée sur les notions de réactivité, d’adaptabilité et d’imprévisibilité. Les kits, ne constituant qu’une quantité de matière définie, permettent de réaliser des constructions plus complexes. Dès le deuxième jour, les colons déplacent et combinent les cubes, les personnalisent avec des matériaux de récupérations et installent leur couchage en hauteur pour disposer d’un lieu de vie en dessous. Le village se transforme, se redessine en négociant avec les autres occupants, puis le schéma d’implantation de départ explose pour laisser place à des regroupements par langue, sexe ou simplement par affinités. Au-delà des stratégies de confort, les interventions individuelles génèrent des modifications structurelles sur les espaces collectifs. La communauté s’organise et devient une république éphémère où l’ensemble des acteurs expérimente la gestion des espaces et défini ses propres règles. Une microsociété qui, durant quinze jours, met en relief la complexité de coordonner un cadre de vie à la fois privé et public et valorise la capacité d’adaptation des habitants-constructeurs.
d’œuvre
d’ouvrage